La flèche

c’est un pont déchiré qui me sépare de toi
oh ma lionne enragée du temps qui nous dépasse
et c’est par cette brêche que file ne vois-tu pas

mon envie comme une flèche propulsée dans l’espace
je me détache en pièces et me perds au matin
je retombe sans cesse et toujours dans tes bras
comme on lance une promesse faite sans lendemain
et que l’on tient du reste bien plus qu’on ne le croit

allons porter le coup que l’on met sous le nez
de la nuit qui sait tout du haut de son dedain
c’est au pied de la tour qui s’écroule étonnée
que l’on verra le jour se relever soudain

je t’envoie cette flèche mon amie, mon amante
pour que rien ne l’empêche enfin de nous relier
j’irai dans son trajet suivre la même pente
par-dessus les forêts qui nous ont oubliés

dans la vaine vallée du champ de cette guerre
de chevaux emmêlés d’armures en pagaille
j’irai dûment cracher sous l’oeil des meurtrières
les faucons déployés qui passent les murailles

j’irai laisser tomber mes longues cicatrices
et lancer mon épée au creux de ce sommeil
ce trop vieux bouclier qui me servait jadis
et qui toute l’année me cache le soleil

au comble des regrets j’ai quand même dans la voix
l’ombre noire des sommets qui se lèvent sans fin
les cigales étranglées par les jours de combat
qui venaient pour chanter et passaient dans mes mains

 

Sylvain Creach

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